Satellites, avions de combat, ravitailleurs: Airbus vise un triplé au Canada

Rédigé le 16/01/2019


Après avoir pris le contrôle des monocouloirs canadiens CSeries, devenus A220, Airbus veut encore accélérer au Canada. Il espère y vendre le chasseur Eurofighter Typhoon, le ravitailleur A330 MRTT, et 300 satellites auprès de l'opérateur canadien Telesat.

 

Le Canada, nouvel eldorado d'Airbus ? L'avionneur avait déjà réalisé un gros coup en rachetant en juillet 2018 au canadien Bombardier 50,01% du programme de moyen-courriers CSeries (rebaptisé depuis Airbus A220), et en décrochant en décembre 2016 un contrat pour 16 avions militaires SAR (Search & Rescue) C295W, pour 2,4 milliards de dollars. Le champion européen veut désormais encore accélérer : il vise pas moins de trois gros contrats au Canada d'ici à 2021 pour sa division Airbus Defence & Space.

La première compétition, peu médiatique, est pourtant essentielle : Airbus espère vendre 300 satellites pour la future constellation de satellites en orbite basse LeoVantage du canadien Telesat. Le groupe européen est opposé à un tandem entre Thales Alenia Space et Maxar, avec une décision prévue cette année. Le contrat, estimé à 3 milliards de dollars, est stratégique : il permettrait à Airbus de prendre le leadership sur les projets de constellations de satellites en orbite basse, destinés à connecter le monde entier au haut débit. Le groupe doit déjà fabriquer les 600 satellites de la constellation OneWeb, dont les dix premiers seront lancés le 19 février prochain de Kourou.

88 avions de combat

La seconde compétition a aussi de quoi faire saliver Airbus : il s'agit d'un contrat de 88 avions de combat pour l'Armée de l'air canadienne, pour lequel le groupe européen présente l'Eurofighter Typhoon, développé par Airbus, BAe et Leonardo. Le Rafale de Dassault ayant quitté la compétition fin 2018, le Typhoon n'a plus que trois concurrents : le F-18 de Boeing, le F-35 de Lockheed Martin et le Gripen du suédois Saab. "Nous nous attendons à un appel d'offres publié mi-2019", indique Simon Jacques, patron d'Airbus DS Canada. Le vainqueur de cette compétition à 12,2 milliards de dollars pourrait être désigné en 2021, pour une première livraison envisagée autour de 2025. En cas de victoire, Airbus pourrait installer une ligne d'assemblage de Typhoon sur place."Nous voulons créer une solution canadienne", indique Simon Jacques.

La troisième opportunité est un peu plus lointaine. Airbus vise, à l'horizon 2021, le marché du remplacement des ravitailleurs Polaris de l'Armée de l'air canadienne, cinq A310 civils convertis en ravitailleurs. Pour succéder à ces avions, l'avionneur européen compte proposer son best-seller A330 MRTT, déjà vendu à 60 exemplaires à une douzaine de pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, Arabie saoudite, Singapour, Australie, Qatar...). L'appel d'offres pourrait être lancé en 2021, pour une décision en 2022 et une entrée en service à partir de 2026. Dans cette compétition, Airbus devrait, comme d'habitude, affronter le KC-46 de Boeing, un dérivé du long-courrier 767. Le contrat est estimé à 1,5 milliard de dollars, selon Skies Magazine. A plus long terme, Airbus voit d'autres opportunités de contrats militaires et spatiaux : remplacement des avions de patrouille maritime CP-140 Aurora, constellation de satellites télécoms dédiés à la région arctique (2,4 milliards de dollars), satellites radars.

Airbus Helicopters déjà leader

Fini ? Toujours pas. Airbus vise également plusieurs contrats d'hélicoptères au Canada. Le groupe voit des opportunités sur le marché de l'évacuation médicale avec ses H145 et H160. Il vise également des contrats avec les forces de l'ordre pour les H125 et H145, et avec des acteurs du marché oil& gas et du secteur minier, toujours avec les H125 et H145. Airbus Helicopters ne part pas de zéro : il revendique une flotte de 700 hélicoptères au Canada, environ 200 clients, et une part de marché de plus de 50% sur les quinze dernières années.

 

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