Spatial: le carton d'Airbus au Moyen-Orient

Rédigé le 28/08/2020


Dix jours après la commande d'un satellite télécom par le saoudien Arabsat, Airbus Defence & Space décroche une commande de deux satellites, dont un en option, pour l'émirati Yahsat.

 

Le spatial, amortisseur de la crise aéronautique ? Si la crise du Covid a fait plonger les commandes d'avions d'Airbus, plombées par la déprime du trafic aérien, les ventes de satellites du géant européen affichent une santé insolente. Airbus Defence & Space vient même de s'offrir, en plein mois d'août, un joli coup double au Moyen-Orient, une des zones les plus disputées du monde. Dix jours après la commande d'un satellite télécom par l'opérateur saoudien Arabsat, c'est au tour de l'émirati Yahsat de signer avec le géant européen un contrat pour deux satellites, dont un en option. Ces derniers remplaceront les deux satellites de l'opérateur Thuraya. Racheté par Yahsat en 2018, ce concurrent de l'américain Iridium propose des services de téléphonie et de connexion par satellite dans plus de 160 pays. L'investissement annoncé est de 500 millions de dollars, un chiffre qui intègre très probablement, outre la construction des satellites, leur lancement, l'assurance et les stations sol.

 

La commande émiratie confirme en tout cas l'excellent début d'année d'Airbus DS sur le segment des satellites télécoms. Le groupe avait déjà décroché mi-juillet le contrat géant Skynet 6A avec le ministère de la défense britannique, estimé à 500 millions de livres. Ce satellite de communications militaires sera lancé en 2025 et complétera la constellation Skynet 5, composé de quatre satellites. Airbus avait également signé début juillet un contrat avec l'opérateur australien Optus pour un satellite de sa nouvelle gamme OneSat, des engins reconfigurables en orbite. Avec les trois satellites commandés par Arabsat et Yahsat, Airbus a déjà vendu quatre satellites télécoms depuis le début de l'année, plus un en option, soit presque autant que les six vendus sur toute l'année 2019.

Rebond du marché des "satcoms"

Pourquoi cette bonne passe ? D'abord parce que le marché global des satellites télécoms semble avoir rebondi. De neuf satellites commandés à l'industrie en 2018, le chiffre est remonté à 17 en 2019. Ensuite parce qu'Airbus a parié sur les bons chevaux. Sa gamme de satellites Eurostar Neo, successeur de la gamme Eurostar, marche bien, avec six commandes depuis 2018. Sa nouvelle famille de satellites reconfigurables en orbite, OneSat, a aussi connu des débuts prometteurs, avec quatre commandes en un an (trois pour Inmarsat et un pour Optus). "Cette commande de Yahsat est la confirmation du bien-fondé de nos investissements dans l'innovation et les nouvelles technologies", estime Jean-Marc Nasr, directeur d'Airbus Space Systems.

L'autre grand acteur européen du secteur, le franco-italien Thales Alenia Space (TAS), est également sur une très bonne pente. Côté satellites télécoms, il a décroché trois commandes depuis début 2020 : une, Amazonas Nexus, avec l'opérateur Hispasat, et deux avec le luxembourgeois SES (SES-22 et SES-23). Côté satellites d'observation de la terre, TAS a été le grand gagnant de la nouvelle phase du programme européen Copernicus, annoncée début juillet. Le groupe basé à Cannes (Alpes-Maritimes) sera présent sur cinq des six satellites Sentinel commandés. Une manne de 1,8 milliard d'euros de commandes, soit presque un an de chiffre d'affaires du groupe (2,15 milliards d'euros en 2019). Airbus sera quant à lui présent sur trois satellites, dont deux comme maître-d'œuvre (Sentinel 8 et 9), et un comme partenaire de Thales Alenia Space (Sentinel 12).

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