Guillaume Faury pas opposé à une consolidation dans le domaine des satellites en Europe, mais les conditions actuelles ne sont pas réunies!

Rédigé le 19/09/2019


Extrait de l'interview aux Echos :
Avez-vous l'espoir de réduire un jour la dépendance d'Airbus à l'aviation commerciale ?
  • Tant que l'aviation commerciale connaîtra une telle croissance, il sera très difficile de rééquilibrer l'activité du groupe par d'autres activités. Cela ne pourrait se faire qu'à très long terme ou par des opérations de fusion-acquisition très importantes, qui nécessitent un alignement des planètes très compliqué. De telles conditions ne sont pas en place actuellement. Néanmoins, des projets européens très structurants comme le système de combat aérien du futur et l'émergence d'une Europe de la défense, pourraient permettre d'y parvenir un jour.
Malgré les stratégies de défense spatiale, certains s'inquiètent pour l'avenir de la filière spatiale européenne face à la concurrence américaine. Ces craintes sont-elles fondées ?

La filière spatiale est dans une période charnière, avec d'importantes transformations. Le coût de l'accès à l'espace a été divisé par cinq dans la dernière décennie et ce qu'on met dans un kilo de satellite augmente également à une vitesse spectaculaire. Cela s'accompagne de nombreux défis et de soubresauts, mais aussi beaucoup de perspectives nouvelles. Et dans tous ces domaines, Airbus est un acteur majeur. Dans le domaine des satellites, nous avons créé avec l'américain Oneweb, une chaîne de production qui va révolutionner la fabrication des satellites. Dans le domaine des lanceurs, le lancement du programme Ariane 6 a également vocation à renforcer la compétitivité européenne. Et la convergence entre l'aérien, le cyber et le spatial contribuera encore à renforcer notre position. Aussi, même si l'espace reste un domaine compliqué, avec des facettes à la fois civiles et militaires, cela reste, à n'en pas douter, un secteur à très fort potentiel pour Airbus. Nous avons d'ailleurs remporté plusieurs succès depuis le début de l'année.

Comme ce fut le cas pour Airbus, la filière spatiale européenne devra-t-elle en passer par une rationalisation de l'outil industriel pour assurer sa compétitivité ?

Effectivement, le tissu industriel du spatial européen reste assez éclaté et complexe. Et dans un environnement qui change très vite, il faut savoir se remettre en cause. Nous avons déjà engagé une restructuration très importante dans le domaine des lanceurs avec le regroupement des activités de Safran et d'Airbus, pour pouvoir assurer une Ariane 6 compétitive. Après cela, il reste sûrement des choses à faire dans le domaine des satellites, afin de constituer des acteurs de dimension mondiale face aux Américains, et demain aux Chinois et aux Indiens. Mais encore faut-il que la réglementation antitrust européenne le permette. Pour l'heure, les conditions ne me paraissent pas réunies.

 

Lire l'interview sur: https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/decarboner-le-transport-aerien-est-une-opportunite-exceptionnelle-pour-airbus-1132133